Le 6 juin 2021, alors qu’il présidait le Conseil supérieur de la police nationale en tant que Premier ministre intérimaire, le Dr Claude Joseph s’est rendu à Martissant, en compagnie du directeur de la police d’alors, Léon Charles. L’opération visait à rassurer la population sur la volonté de son gouvernement de combattre l’insécurité.

J’ai emprunté la route, de Martissant à la Marine haïtienne, en passant par la Place de Fontamara afin de voir comment l’ordre et la paix pourraient revenir dans ces
zones de troubles.

Claude Joseph, déclaration en marge de la visite

Un mois plus tard, dans la nuit du 6 au 7 juillet, le président de la République sera assassiné, chez lui, dans des conditions encore à élucider. Là encore, le Dr Joseph, Premier ministre sortant, s’est voulu rassurant.

Tout est sous contrôle dans le pays, plusieurs de ces mercenaires ont été appréhendés par la PNH. Nous exhortons le peuple haïtien à être beaucoup plus intelligent dans sa quête de trouver les assassins du Président Jovenel Moïse en les ammenant auprès de la PNH. Car, l’objectif c’est de sécuriser le pays et de trouver justice pour le président jovenel Moïse.

Claude Joseph, point de presse en date du 8 juillet 2021

Claude Joseph finira par être écarté du pouvoir en faveur du neurochirurgien Ariel Henry, nommé premier ministre par le défunt président Moïse un jour avant sa mort. Le Core Group avait décidé qu’un premier ministre soupçonné dans l’assassinat du président valait mieux qu’un premier ministre l’ayant laissé assassiner. Depuis, monsieur Joseph s’est reconverti en leader de parti politique dont le parti, EDE, a annoncé pour aujourd’hui, une « marche pour la paix en solidarité aux victimes des gangs armés ». Une marche au cours de laquelle, EDE « exige[ra] qu’Ariel Henry quitte le poste de Premier ministre pour cause d’insouciance et d’incompétence ». Hier, actualité brûlante oblige, le chef du parti, a ajouté au programme de la marche, les « racistes dominicains« .

La marche se doit d’être un succès – elle ne le sera pas. Il y va de l’avenir du pays – en vrai celui d’EDE. Depuis hier, la rumeur veut qu’au Champ de Mars et dans d’autres points de la ville riches en manifestants professionnels, des contrats aient été négociés et honorés. Il n’est plus que d’attendre … et d’espérer. Espérer que l’échec ne soit pas si cuisant qu’on ne puisse le vendre en réussite totale sur les réseaux sociaux. Espérer qu’il ne sera pas question de désordre orchestré et de gouvernement envoyant la police réprimer la manifestation du peuple.

Les manifestants professionnels ne sont pas des plus constants. Il arrive que, même payés, pour un travail, ils ne se présentent pas. En 1990, au cours d’un meeting du candidat Marc Bazin, après une robuste distribution d’argent, les militants se retournèrent contre leurs commanditaires aux cris de Viv kòk kalite, se pa lajan se konviksyon! Pour enfoncer le clou, ils composeront vite fait, une bonne petite chanson grivoise: Voye rele ponpye, Bazin tonbe nan *a*a. Mais cette honnêteté brutale n’est pas toujours au rendez-vous. En général, le revirement a lieu après le départ du commanditaire, sans chanson, avec des éclats de rire et un gyèt manman l au g très prononcé. Mais, tout cela importe peu.

La vraie question reste celle de l’utilité d’une telle démarche lorsqu’elle est menée par un ancien Premier ministre dont le gouvernement a vu, impuissant, s’étendre les territoires des gangs et assassiner un président. Qu’Ariel Henry fasse preuve d’incompétence et d’insouciance ne fait aucun doute mais est-il plus insouciant et plus incompétent que cette marche rapide du 6 juin telle qu’immortalisé par la photo ci-dessous ?