Après avoir échoué par la terre (« présidence » Guaidó, 2019) et par la mer (opération Gideon, 2022), les États-Unis se seraient tournés vers les airs pour se débarrasser enfin du successeur d’Hugo Chávez — grand empêcheur d’empirer en rond, qui, en son temps, avait survécu à toutes les tentatives, avant de mourir de sa belle mort. L’échéance trisannuelle approchait et il fallait agir. La grande idée, selon ce reportage de l’Associated Press, était de recruter le pilote du président vénézuélien pour détourner son avion vers les États-Unis, d’où il serait arrêté pour des crimes de… je suis tentée de dire… terrorisme ?
L’administration américaine — sous Biden comme sous Trump et donc la chose est bipartisane — tient Maduro pour un narcotrafiquant en violation des lois américaines. « Un leader du Cartel de Los Soles » , celui qui est accessoirement président d’un pays aux plus grandes réserves pétrolières mondiales, serait donc responsable du trafic de cocaïne vers les États-Unis, alors que la production de cocaïne au Venezuela est négligeable ; le peu qui y transite provient de la Colombie, premier pays producteur; et les chiffres d’autres pays de la région, comme le Guatemala, mettraient la honte au Venezuela. Mais qu’importe, les États-Unis ont besoin que le Venezuela soit un narco-Etat à libérer pour y installer une prix Nobel de la Paix belliciste.
L’annonce du Département d’État ne laisse aucun doute: pour 50 millions, un être de bonne volonté peut mettre fin au règne de ce grand criminel.
For over a decade, Maduro has been a leader of Cartel de los Soles, which is responsible for trafficking drugs into the United States. On July 25, 2025, the U.S. Department of the Treasury designated Cartel de Los Soles as a Specially Designated Global Terrorist (SDGT
Cet être de bonne volonté aurait pu être le général Bitner Villegas, si seulement il avait eu le courage — le « lâche » — de détourner l’avion de son patron pour le livrer aux États-Unis. Le plan, pourtant, ne présentait aucune faille.
En avril 2024, l’ambassade américaine à Santo Domingo apprend que deux jets Dassault — un Falcon 2000EX et un Falcon 900EX — réputés appartenir à Maduro sont en réparation à l’aéroport La Isabela. L’agent Edwin Lopez, ancien Army Ranger détaché à l’ambassade pour le compte de la Sécurité intérieure, s’empresse alors de saisir cette opportunité unique de terminer sa carrière sur une note triomphante. Chávez avait dépêché cinq pilotes pour récupérer ses jets: il allait en débaucher un.
La première rencontre eut lieu dans un hangar de l’aéroport. Lopez n’obtint pas de réponse, mais réussit à décrocher un numéro de portable. Et, comme tout séducteur compétent le sait, obtenir le 06, c’est l’affaire presque faite. Toutefois, le général Villegas jouait au difficile. Pendant seize mois, même après la retraite de l’agent Lopez en juillet dernier, les échanges se poursuivirent entre les deux hommes sans qu’aucun accord concret ne soit conclu. Et pour cause : les États-Unis ont saisi l’un des jets en septembre 2024, et l’autre en février 2025.
Heureusement, l’Oncle Sam n’a pas qu’un tour dans son sac. Au 19ème siècle, la gunboat diplomacy a accompli de véritables exploits, obligeant notamment le Japon à ouvrir ses ports au commerce américain. Pourquoi ne pas la raviver en y ajoutant, pour la route, quelques pêcheurs assassinés dans la mer des Caraïbes ? Après tout, le plan ne présente aucune faille.





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