Le 10 juillet 2025, Macron (France) et Starmer (Royaume-Uni), en un écho des accords de Nassau de 1962 qui avaient clarifié la place de l’arsenal nucléaire britannique dans l’architecture de l’OTAN — alliance fondée pour assurer la défense collective de l’Europe (et de l’Amérique du Nord) face à l’Union soviétique, autrement dit la Russie — ont signé la déclaration de Northwood, formalisant une coordination politique et stratégique explicite entre les forces nucléaires française et britannique, afin de renforcer, dans un contexte de tensions croissantes à l’est et d’incertitudes sur l’engagement américain, leur posture commune de dissuasion face à la Russie. Une évolution certainement historique pour une France dont la doctrine nucléaire, exception culturelle française, repose sur un très gaullien héritage d’indépendance stratégique totale, c’est-à-dire strictement nationale, autonome, et surtout pas intégrée à l’OTAN.
Dans sa jeune vingtaine, votre blogueuse, avide de savoirs peu pratiques, s’était offert un master en sécurité et défense. Une des constances de ses professeurs français était de marteler l’unicité, presque sacrée, de la dissuasion nucléaire française : doctrine purement nationale, outil de souveraineté absolue, et symbole ultime de grandeur. Voir aujourd’hui la France de Macron s’allier à un Royaume-Uni post-Brexit — donc encore plus atlantiste qu’avant — pour former un embryon de « parapluie nucléaire européen », c’est presque une petite revanche. Une revanche savoureuse pour la jeune étudiante d’alors qui, grande gueule oblige, l’avait bien sûr dit tout haut : elle n’était guère impressionnée. Parce que, mon bon monsieur, cher professeur, ce dont nous parlons ici, ce sont d’engins capables d’anéantir des milliers, voire des millions de vies. Ces ogives, loin d’être de saintes reliques de la souveraineté nationale, sont des instruments de terreur collective et de chantage existentiel, qu’on se plaît dans cette classe à parer de tous les atours de la « grandeur ».
Mais voilà qu’en 2025, la « stricte suffisance », mantra français, se retrouve désormais à discuter au même café stratégique que les missiles Trident britanniques, eux-mêmes sous respiration artificielle américaine. Et je ne peux m’empêcher de voir dans ce « signal de souveraineté européenne » un aveu de vulnérabilité, une confession déguisée que, sans Washington, un parapluie nucléaire européen est davantage un argument marketing qu’une doctrine cohérente. Et, finalement, peut-être que la seule chose vraiment exceptionnelle dans la dissuasion nucléaire, c’est sa capacité à révéler, du système international, les fêlures collectives : angoisses existentielles, fantasmes de puissance, et une totale incapacité à penser la sécurité autrement qu’à travers le spectre funèbre de la destruction mutuelle.





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