Depuis une semaine, à Carrefour, commerçants et habitants se voient imposer une nouvelle taxe. En plus de la taxe hebdomadaire habituelle, des frais de passage, de livraison ou de tranquillité, voici maintenant la taxe de guerre. Le tout dans le plus grand des secrets, sous peine de représailles. Certains doivent payer 2 000 dollars, d’autres 4 000. Aucun refus, aucune justification, aucun recours.
Les taxés s’y sont pliés et on ne peut les en blâmer. Même si l’attitude collective est à déplorer, chaque geste individuel est compréhensible. Il s’agit, littéralement, de vie ou de mort et le temps où l’on se réclamait de Capois-La-Mort pour défier la peur est bien loin derrière nous. Le peuple haïtien, épuisé, n’a plus la force. Avant même le règne des bandits, l’État haïtien l’avait déjà brisé, eu à l’usure, écrasé comme la grosse roche qu’il est. Le petit reste – une piètre carcasse – se dispute désormais entre autorités illégitimes plus ou moins autoproclamées.
Les gangs n’ont toutefois pas accès aux ressources de l’État – pas directement. Avec les annonces récentes du Conseil supérieur de la police nationale, notamment l’utilisation croissante de drones pour les traquer, les chefs se font émules des seigneurs de guerre qui, depuis des temps immémoriaux, exigent d’une population terrorisée, sa contribution à l’effort de guerre, de sorte que les civils financent l’armée qui les opprime.
Il ne faut pas s’y tromper. Ces fonds serviront très probablement à l’achat d’armes et de munitions pour résister à une offensive de la PNH. Et si, par chance, ces armes ne sont pas encore arrivées à Carrefour, il est encore temps. Temps de surveiller les routes. Temps de bloquer les convois. Temps de priver ces bandes de la logistique de guerre qui leur manque encore.
Il est un secrétaire d’État à la Sécurité publique, grand lecteur de ce blogue, stratège émérite, qui nous a un jour promis, en pleurs, de faire de son mieux pour nous sortir de là. Les gens de Carrefour ont besoin de ce mieux. Si vous lisez ces lignes, commandant, voici votre chance d’agir.
D’autant que, politique du spectacle oblige, la photo terminée, rien – ou presque – ne semble avoir changé. Un fait résumé par Le Nouvelliste en deux tweets, publiés à quelques minutes d’intervalle.





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