Sur la toile, une photo des troupes kényanes à la cantine fait jaser. Des internautes s’offusquent que la situation sécuritaire ne s’améliorant guère nos invités kényans soient en train de découper copieux. Une réaction absurde, certes – on ne va tout de même pas les affamer – mais émergeant d’une frustration nationale aussi évidente que compréhensible. Une personne qui ne doit pas être frustrée est celle qui a gagné le contrat pour nourrir les Kényans. En voilà un.e qui doit se faire du beurre, l’argent du beurre en arborant son sourire de crémier.
Il y a une décennie ou deux, à l’académie de police, le financement américain pour nourrir les policiers s’élevait à 30 dollars par policier. De cette somme, 10 dollars allaient directement au chef de police, et moins de 10 dollars représentaient le coût global de la prestation. Avec 1000 policiers à nourrir, cela représentait un gain d’au moins 10,000 dollars par jour. Avec 10000, nous parlons de millions. Ce genre de contrats est souvent attribué aux femmes ou maîtresses des directeurs généraux de la police – et, de façon quasi systématique, certaine fille d’un ancien militaire haut placé dont le nom rime avec gamelle – comme un petit en-cas pour le soutien apporté au chef.
Mais ce n’est pas qu’au sein de la police que ce type de pratiques se déroulait. Au Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), par exemple, les femmes ou amies des ministres gagnent des contrats pour nourrir les correcteurs d’examens. Au Parlement, les contrats pour le café et l’eau se chiffrent dans les centaines de millions de gourdes. Nourrir la République est une niche lucrative via des contrats alimentaires devenus un moyen détourné de récompense et de favoritisme. C’est un système qui bien qu’invisible pour le grand public, constitue une véritable économie parallèle profitant à une minorité bien placée.
C’est cette gloutonnerie malsaine qui à des tickets -restaurants utiles à l’économie préfère des contrats indécents utiles à des proches – qui devrait interpeller.





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