Je ne suis pas convaincue par les résultats des dernières élections vénézuéliennes. Même s’il a eu la décence de ne pas s’octroyer un 99,15 % comme certains, les répercussions de la « guerre économique » lancée par son prédécesseur et patron, Hugo Chavez, contre les classes supérieures vénézuéliennes me semblent trop débilitantes (hyperinflation extrême, pénuries chroniques, effondrement économique, émigration massive, sanctions internationales…) pour que Nicolás Maduro continue à jouir du soutien de plus de la moitié de l’électorat. Et cela, c’est sans compter la répression apparemment systématique des mouvements d’opposition ou, de façon plus importante encore, le fait que le chanteur, acteur, danseur et mannequin, Omar Rudberg, le meilleur vénézuélien à jamais être vénézuélien parce qu’il est Omar Rudberg et qu’il est le meilleur, ait qualifié de 🤮 les résultats de dimanche.

Toutefois, je trouve particulièrement indécent que le gouvernement de facto haïtien, qui, jusqu’ici, ne semble avoir de plan autre que de communiquer autour de la terrible propension de nos yeux, nos oreilles et tous nos sens à nous mentir constamment, puisse nous engager de cette façon en votant pour une résolution accusant le Président Maduro de fraude électorale.

Certes, notre réputation de restavèk des États-Unis à l’OEA nous précède. La petite histoire veut que nous ayons voté pour l’exclusion de Cuba de l’organisation suite à un dîner dont la note de frais s’est élevée au coût du dîner majoré de deux millions de dollars. Mais nous amener ainsi à voter contre le pays à qui nous devons les fonds PetroCaribe qui ont rendu très riches tant de parties prenantes du pouvoir actuel est particulièrement riche. Que ce soit de surcroît pour une accusation de fraude électorale alors que nos dirigeants actuels sont issus de deux coups d’État successifs précédés d’élections irrégulières dépasse le chutzpah pour tomber dans le cynisme le plus impudent.

Mais bon, au rythme où l’on va, peut-être qu’ils réussiront à éviter le problème en ne tenant tout simplement pas d’élections, échappant ainsi à l’hypocrisie de leur propre fraude électorale.