L’article 6 de l’accord politique pour une transition pacifique et ordonnée introduit une ambiguïté remettant en question la représentativité et la légitimité de l’accord lui-même. En déléguant la responsabilité de choisir le Premier ministre à d’autres structures politiques et de la société civile, l’accord semble reconnaître qu’il pourrait ne pas représenter pleinement toutes les parties prenantes et qu’il est nécessaire d’impliquer d’autres acteurs pour garantir un processus plus inclusif et légitime.
Les signataires y voient sans doute une ouverture visant à renforcer la légitimité de la transition en assurant que le choix du nouveau chef de gouvernement soit basé sur un consensus élargi, allant au-delà des parties prenantes directement impliquées dans la négociation de l’accord initial. En réalité, cette décision soulève des questions sur la capacité de l’accord à atteindre un consensus complet et à représenter pleinement la diversité des intérêts et des perspectives au sein de la société haïtienne et donc sa légitimité même.
Cette nouvelle transition intervient 31 mois après le magnicide du Président de la République, dans un contexte où Haïti n’a plus aucun élu, les mandats des juges, des hauts fonctionnaires expirent, où 80% de la capitale est contrôlée par les gangs et le premier ministre démissionnaire ayant présidé à cette débâcle a été contraint de rester à l’extérieur. Les ports et aéroports sont fermés depuis un mois; la pénurie de médicaments, de nourriture, et même d’eau n’est pas loin. La capitale se vide de ses habitants, les provinces se préparent à se défendre contre une arrivée éventuelle des gangs, l’État se désagrège.
Dans un contexte aussi critique où la stabilité et la sécurité sont des priorités urgentes, la nécessité d’une transition politique rapide et efficace est cruciale pour rétablir l’ordre et la gouvernance. Tout retard ou toute complication supplémentaire dans le processus de transition pourrait compromettre davantage la situation sécuritaire et économique déjà précaire en Haïti. En laissant place à une consultation supplémentaire qui pourrait regarder la mise en place du nouveau gouvernement, l’article 6 de l’accord [nom de l’accord] introduit une complexité inutile dans le processus de transition. Dans un contexte où la rapidité et l’efficacité sont cruciales, une telle proposition semble particulièrement contreproductive d’autant qu’elle risque de compromettre la stabilité et la légitimité de la transition.
C’est le président américain Théodore Roosevelt qui disait : « Dans toute action politique, il est nécessaire de comprendre la situation, d’être réellement capable de la changer, de prendre des mesures énergiques et d’agir avec prudence et fermeté. » Il est temps.





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