Au Gabon, l’opposition demande que les pustchistes la place au pouvoir. Pas directement – ces messieurs ne sont pas complètement givrés – mais, dans l’essence …. Voyant que les putschistes – qui ont pourtant clairement dit avoir annulé les élections – ne semblent guère intéressés à brader ainsi, et gratuitement, leur coup d’État, l’opposition les accuse d’être à la solde des Bongo.
« Il n’y a pas de coup d’État militaire » explique Albert Ondo Ossa, candidat « consensuel » de l’opposition, au journaliste à qui échappe un hmmm dubitatif. Il en veut pour preuve le fait que « la garde prétorienne » soit à l’origine de cette « révolution de palais » comme si ce n’était pas – même et surtout s’ils sont « cousins » du chef – de s’offrir, de temps à autre, un coup d’État.
Peu s’en faut, les pustchistes se refusant à faire le décompte des voix, l’opposition s’en chargera. Le raz-de-marée du candidat de l’opposition est confirmé sur Twitter par le parti politique Azimio de l’ancien Leader de l’Opposition au Kenya, Raila Amolo Odinga. Ce dernier rêvait de faire « ouvrir les serveurs » après les dernières élections kényanes, ce matin, il nous annonce que c’est chose faite au Gabon.
Parce que, voyez-vous, dans nos pays mal ou pas dirigés, l’opposition dispute l’incompétence au gouvernement. C’est la tradition. C’est la meilleure façon que nous ayons trouvée de garantir que nous resterons, le plus longtemps possible, au fond des trous que nous creusons.
C’est d’autant plus fascinant que tout cela semble procéder d’un manuel de gouvernance inepte que nos politiques se passent sous le manteau. Les oppositions sont là pour contester, jamais pour proposer. Parler au nom du peuple mais jamais avec lui. Attendre un changement de la situation sans jamais y travailler. Puis, un changement arrive, et les voilà à exiger qu’on leur tende le pouvoir.
Si des gens se donnent du mal pour faire un coup d’État c’est qu’ils désirent prendre le pouvoir. Syèl la pa piyay. C’est du boulot que de destituer un président ou même l’assassiner, chez lui, en pleine nuit, avec la complicité de sa garde. Ce n’est pas pour qu’ensuite d’autres profitent de notre dure labeur.
Il y a pire cependant. C’est cette attitude manifestement illogique qui maintient l’opposition en dehors du pouvoir encore plus longtemps. Au lieu de travailler à ce qu’il y ait des élections le plus rapidement possible, elle s’exerce à rejoindre une transition aux contours jamais définis. Pourtant, plus la transition est longue, plus elle offre d’occasions au gouvernement de contrôler entièrement et, de façon exclusive, la suite.
Un quidam arrive au pouvoir par un coup d’État – consensuel ou pas – si on ne peut l’en déloger sur l’heure, la meilleure façon de s’en défaire reste de l’obliger à organiser des élections au plus vite. Ce sera un moyen pour lui de lier ses paroles de vie meilleure pour le peuple – et ses actes, s’éviter d’être mis au banc de la communauté des États et s’offrir légalité et légitimité. Or, l’opposition s’organise plutôt pour prolonger la transition en exigeant des élections libres, crédibles et démocratiques lors même qu’elle a participé aux précédentes qui ne l’étaient pourtant pas plus.
C’est ce qui permet à une famille de criminels, pendant 57 ans, de faire d’un pays entier leur bien personnel, un héritage à se passer de père en fils. Ce désir d’autres, tapis dans l’opposition, dans l’attente de devenir le prochain Omar Bongo. Mais, au contraire d’Omar Bongo, eux ne font pas de coup d’État. Ils attendent que quelqu’un d’autre le fasse à leur place et leur remette ce qui leur revient de droit… puisqu’ils ont rêvé un songe où une apparition leur a fait une révélation: ils seront Présidents.
Ces génies n’ont aucun projet commun, aucun plan, aucun idéal autre que celui de se hisser au dernier rang de la hiérarchie et de s’y maintenir le plus longtemps possible. Comme dans un pacte tacite, clairement en préambule, du manuel de la gouvernance inepte, que nos meilleurs se passent sous le manteau.
En attendant, ce lundi, le général Brice Oligui Nguema, prêtera serment pour « conduire la transition ». Les militaires ont de toute évidence bien intégré la leçon du Mali où le Colonel Assimi Goïta a dû faire un coup d’État dans son coup d’État pour rectifier l’erreur monumentale qui fut sienne de nommer un civil, l’ancien ministre de la Défense, Bah N’Daw, Président de la transition alors que lui se contentait du rôle de vice-président.
Le bon colonel est désormais président d’une transition qui devait déboucher sur des élections en 2022, avant de se muer en possible transition de 5 ans, puis de se résoudre à tenir seulement, possiblement, jusqu’au mois de mars 2024. Ou pas.





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