La justice kényane vient de suspendre provisoirement la mise en œuvre du Health Cooperation Framework signé la semaine dernière entre le Kenya et les États-Unis, un accord d’aide en santé d’une valeur de plus d’1,6 milliard de dollars. Le Consumer Federation of Kenya (COFEK) a déposé une plainte relative à la protection des données et la confidentialité des informations médicales des citoyens kényans. La Haute Cour de Nairobi, exprimant des inquiétudes quant à la sécurité des données et à l’accès éventuel des autorités américaines à ces informations, a émis des ordonnances conservatoires dans l’attente d’un jugement sur le fond.
L’accord avait pourtant été célébré par les partisans du président Ruto comme une preuve de la haute estime dans laquelle le tenait le président américain. Sur X (anciennement Twitter), des internautes sceptiques, notamment en Afrique du Sud — que Trump accuse de perpétrer un génocide contre les Blancs — furent rapidement qualifiés de haters jaloux de la bonne fortune kényane. Une fortune partagée, par ailleurs, avec le pays des Mille Collines (228 millions de dollars) et la Perle de l’Afrique de l’Est (1,7 milliard de dollars), dans le cadre de la toute nouvelle et ambitieuse politique étrangère en matière de santé d’une administration Trump désormais consciente des avantages des programmes autrefois financés par l’USAID et du potentiel considérable qu’ils représentent pour les grandes entreprises américaines actives dans ce secteur.
Sur ce blogue, nous avons discuté de Chemonics en Haïti mais l’histoire des aides en santé américaine est riche en programmes d’envergure à la transparence douteuse: entre étude de Tuskegee, expérimentations guatémaltèques et stérilisations forcées au Pérou. Le juge kényan a sans doute raison d’être prudent lorsqu’une administration ouvertement suprémaciste blanche se propose d’aider un pays qu’elle qualifie elle-même de shithole country.




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