Je ne sais trop ce que j’ai raté mais le Bureau des Affaires de l’Hémisphère Ouest vient de mettre en garde les corrupteurs qui s’avisent de corrompre un Conseil présidentiel aussi compromis que corrompu. Qui sont donc ces membres du CPT qui ont rejeté les tentatives corruption dénoncées et surtout qui sont donc ceux et celle (?) qui n’auraient guère de scrupules à « fragiliser la stabilité haïtienne » ?
Le Conseil Présidentiel de Transition occupe, à notre corps défendant, les fonctions présidentielles en Haïti jusqu’à l’élection d’un nouveau président ou jusqu’au 7 février 2026, selon ce qui surviendra en premier. Pendant leurs mois de règne, l’insécurité a continué de s’étendre avec plus de 80 % de Port-au-Prince sous contrôle ou influence de groupes armés, l’économie s’est enfoncée dans une récession aggravée par une inflation à deux chiffres, la gourde a perdu plus de 20 % de sa valeur, la fourniture d’électricité publique est devenue quasi inexistante, les institutions judiciaires restent paralysées, et l’exode des compétences s’accélère. À quelle stabilité les Américains font-ils donc référence ? Celle où un groupe non élu, illégal et illégitime ne dirige rien mais dispose allègrement de l’argent du contribuable ? Pour combien de temps encore ?
Quelle que soit la réponse, Washington, en moins de trois semaines, a fixé un cadre politique de gestion de la crise, ciblé judiciairement au moins un acteur, obtenu de Port-au-Prince un dispositif légal interne aligné sur ses priorités,et dénoncé les pressions visant à en entraver l’exécution.
Le 14 juillet 2025, le Bureau des Affaires de l’Hémisphère Ouest, via X, rapporte que le Sous-secrétaire d’État Christopher Landau a insisté auprès du Premier ministre haïtien, Alix Didier Fils-Aimé, sur le fait que la crise sécuritaire en Haïti constituait une menace régionale. Trois jours plus tard, Pierre Réginald Boulos, accusé de liens avec des groupes armés et d’autres infractions graves, est arrêté à Miami. Le 22 juillet 2025, après que nous nous soyons interrogés sur ce blogue quant à l’effectivité de la perte de nationalité de M. Boulos, le Bureau tweete qu’il continuera à expulser tout ressortissant étranger aux États-Unis travaillant à déstabiliser Haïti, en citant explicitement le soutien aux groupes terroristes — ce dont Boulos est accusé.
Le 28 juillet 2025, nous avons eu droit à une traduction concrète de cette position en Haïti avec la publication par le gouvernement d’un « Protocole pour le traitement des dossiers des ressortissants haïtiens déportés ou extradés ». Ce texte verrouille la suite du processus : toute personne renvoyée des États-Unis pour crimes financiers ou complicité avec des gangs doit être immédiatement remise au Commissaire du gouvernement et poursuivie.
Hier, 31 juillet 2025, Boulos a comparu devant un juge fédéral américain à Miami, qui a rejeté sa demande de mise en liberté sous caution. Et voilà qu’aujourd’hui, un nouveau tweet du Bureau évoque des tentatives de corruption visant le CPT. Une dénonciation qui laisse penser que certains acteurs — ahem, Boulos ? — chercheraient à influencer le CPT afin d’amoindrir ou de bloquer l’application du protocole du 28 juillet, et donc d’éviter que certains déportés ou extradés soient effectivement remis à la justice haïtienne.
Pour mobiliser à ce point, l’administration américaine, le « rafraichissant » Boulos doit être bien plus dangereux que je ne l’ai jamais anticipé.





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