En pleine confrontation usuelle avec le pouvoir législatif, le président Nissage Saget eut cette sortie, passée maxime de cahier d’écolier, et qui reste sans doute la meilleure explication de la séparation des pouvoirs jamais prononcée : « Que chaque bourrique braie dans son pâturage ! »
Hier, brayant dans son pâturage, l’inénarrable président américain Donald J. Trump, a décidé de suspendre l’entrée aux États-Unis de ressortissants de douze pays et de limiter ceux de sept autres. Les réactions ont été variées. L’Union africaine préoccupée a condamné ce qui s’assimile à de la discrimination. Le Congo a voulu croire à un malentendu, là où la Somalie s’est empressée de signaler sa disposition à dialoguer. Le Venezuela en a profité pour rappeler le caractère dangereux des États-Unis d’Amérique pour toute la planète.
La meilleure réponse jusqu’ici est sans doute celle du Tchad dont le président a annoncé – via une publication sur son compte Facebook – appliquer à Trump la réciprocité la plus stricte en interdisant les Américains de visa tchadien. Naturellement, Idriss Deby Into étant qui il est, les réactions internes ne sont pas forcément positives mais sa réponse rappelle si rappel il fallait – et il semble qu’il faille – que le visa est une courtoisie, un privilège et non un droit.
Je maintiens que la terre appartient à tous les êtres humains et qu’ils devraient être libres de s’y déplacer. Je suis donc, par principe, opposée aux visas. Mais nous vivons dans un monde morcelé, où le « village global » n’a jamais été qu’un vaste mensonge : il signifiait surtout que les citoyens du Nord impérial pouvaient circuler librement dans tous les pays du Sud subjugué, en totale négation du principe de réciprocité dans les relations internationales.
Avec Trump, et la montée de l’extrême droite qui l’accompagne, ces pays se replient sur eux-mêmes en multipliant les limitations visant les « non-désirés » (Noirs, musulmans), pendant que les voyages dans l’autre sens continuent sans entrave. Et peut-être est-il temps, justement, que les pays dits pauvres se referment eux aussi. Nous n’aurons peut-être pas le dernier iPhone. Mais nous aurons nos ressources, notre paix et notre dignité.





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