L’Association des professionnels du pétrole (APPE) dénonce, via une note de presse circulant sur WhatsApp, la présence dans les eaux haïtiennes d’un navire chargé d’une cargaison de pétrole non conforme et présumément destiné à être vendu illégalement dans l’un de nos ports. Cette situation survient en pleine pénurie, exacerbée par la conquête de territoires en cours par les gangs. Ce tanker, nommé SYRMA (IMO 9204805, MMSI 750405000), serait, d’après un site de traçage de navires (VesselFinder.com), arrivé à Port-au-Prince le 12 novembre à 2 h, battant pavillon guyanais..

Dans le théâtre tragique de la Grèce antique, la syrma est la longue robe traînant jusqu’au sol que portent les acteurs pour cacher aux regards les artifices, tels que les talons hauts permettant de jouer les héros ou les dieux, ainsi que tout autre mécanisme disgracieux. Cela tombe bien : selon l’APPE, ce tanker, qui avant d’être enregistré au Guyana (2024), a battu pavillon tanzanien (2023), panaméen (2014), libérien (2011), singapourien (2006) et bahaméen (2000), serait en train de transporter du diesel frelaté. Avec un tonnage brut de 11 951, il transporterait une grande quantité de carburant de mauvaise qualité, risquant d’envahir un marché où la rareté alimente un commerce informel à prix exorbitants.

C’est la société Minh Thu Shipping Trading JSC, enterprise vietnamienne de transport maritime qui exploite le SYRMA.  Avant de mettre le cap sur Haïti le 10 novembre dernier, le tanker est parti du port de Cienfuegos, Cuba, le 3 septembre, en route vers Boca Grande, en Floride. Aucune autre donnée n’étant disponible, il est fort possible que ce soit de la Floride que nous arrive ce diesel réputé frelaté.

La Floride entretient avec nous des relations privilégiées. Nous lui envoyons, illégalement, nos migrants désœuvrés, et elle nous renvoie, en contrebande, des armes et des munitions, entre deux balles de vêtements usagés et, désormais, apparemment, du pétrole. La note de l’APPE n’en dit pas plus, mais même si je suis tentée d’en savoir davantage, cela ne vaut sans doute pas les quelques dizaines de dollars que me coûterait une fiche complète. C’est un travail que je laisse au nouveau gouvernement, dont le cabinet de 19 inconnus plus ou moins illustres vient d’être publié dans Le Moniteur.


Laisser un commentaire

Trending