Vous ne le savez peut-être pas mais la vie a quasiment totalement repris dans la capitale. C’est le président du Conseil présidentiel de transition qui le dit, et il doit certainement savoir de quoi il parle. Peut-être êtes-vous tenté, comme notre futur concitoyen Étienne Côté-Paluck, de questionner l’appréciation du président Leblanc en y opposant des photos prises ce matin à Port-au-Prince, ville fantôme, mais c’est parce que, en dépit de ce que le gouvernement Conille s’évertue à nous faire comprendre ces dernières semaines, vous persistez à croire vos yeux menteurs.

À la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CARICOM ce mardi 30 juillet 2024, Monsieur Égard Leblanc Fils a informé ses homologues caribéens de l’amélioration importante de la situation sécuritaire depuis que la force multinationale d’appui à la sécurité (MMSS) est venue porter main forte à la police et à l’armée. Dans cette même réalité, une certaine presse kényane multiplie éditoriaux et reportages autour des succès importants des troupes kényanes déployées en Haïti. Il n’y a que les Haïtiens et Haïtiennes du pays à être offusqués par ces vérités au point d’y voir une insulte personnelle.

Aurait-ce été le Brésil, me dit l’un d’entre vous, Leblanc ne pourrait rentrer au pays. D’autres font une liste de pays où de tels affronts ont été punis avec la plus grande rigueur par des peuples en colère. Mauvaise, je leur rappelle qu’Ariel Henry n’est toujours pas rentré de son voyage d’État, il y a 7 mois, et que feu Jovenel Moïse subissait des peyi lòk à moins. Il est donc sans doute dans le cas de l’administration actuelle une question de contexte à prendre en compte et peut-être ce contexte exige-t-il d’arrêter de croire nos yeux trompeurs.

Ainsi, quand dans deux ans, il n’y aura toujours pas eu d’élections et que le roi Conille succédera officiellement au roi Henry, nous serons mieux équipés pour accepter que, en vrai, tout cela est pour le mieux. Si, entre-temps, évidemment, nous ne sommes pas kidnappés, tués ou pire, encore, forcés à l’exil.