Depuis le 11 juin 2024, Haïti a un nouveau ministre des travaux publics: un ingénieur spécialisé en approvisionnement en eau potable du nom de  Raphaël Hosty. D’après le Nouvelliste qui nous en a tracé un portrait suite à la lecture de son CV, Monsieur Hosty a une longue carrière dans l’eau potable, de la CAMEP à la DINEPA, avec quelques constructions d’école via son bureau d’études. Pour le reste, Monsieur Hosty semble effacé. Pour lui, pas de une dans les journaux, pas de grands titres sur les initiatives de son ministère, pas de vidéos virales. Ne vous aurais-je pas dit son nom au début du billet, il est fort à parier que vous seriez en peine de le placer. Aussi, pour que l’on ne l’oublie pas et qu’on fasse quelque chose de lui, a-t-il décidé, pour l’anniversaire du chef du parti Lavalas, de placer, dans les rues de la capitale, des banderoles proclamant son génie.

Le message est particulier mais pas toujours aisé à saisir. Bòn fèt Titid est clair, direct, sans équivoque. L’auteur salue l’ancien président Jean-Bertrand Aristide et lui souhaite un joyeux anniversaire. Pourquoi le faire par banderole et non avec une carte et un petit cadeau comme les gens normaux ? Je ne sais pas. Je ne suis pas ministre des travaux publics en Haïti. Lè n minis n a konprann. La prochaine phrase est également courte et sans détour : Ou se yon jeni. Elle souligne le talent, l’ingéniosité, l’intelligence du Dr Aristide. Il arrive que lors de l’anniversaire de quelqu’un on rappelle ses qualités, rien de plus normal. La lecture devient plus difficile avec la troisième et dernière phrase : Minis Hosty ap netwaye peyi a lavalaseman.

Le ministre Hosty est issu du parti Lavalas qui l’a recommandé pour le poste. La banderole semble nous informer qu’il serait en train de nettoyer le pays en suivant les principes et méthodes du mouvement politique Lavalas. N’aurait-il pas été ministre des travaux publics et littéralement spécialiste en eau potable, on aurait pu être tenté de voir une métaphore pour de grandes réformes et plus si affinités, mais dans ce cas précis, le sens ne peut être que littéral, ce qui ne rend l’information que plus bizarre.

Ces deux dernières semaines, la grande nettoyeuse de pays s’appelle Magalie Habitant, ancienne directrice générale du Service métropolitain de collecte de résidus solides (SMCRS), égérie PHTK en mal de qualifications, mise en débet pour mauvaise gestion et détournement de fonds, accusée par la clameur publique de connivences avec les gangs et chassée de manifestation par un public en furie.  Au Nouvelliste, elle explique qu’il s’agit d’une initiative privée « supportée par des particuliers du secteur privé des affaires, des membres du Conseil présidentiel de transition et du gouvernement à travers le ministère des Travaux publics, Transports et Communications (MTPTC) »

En quoi donc le génie de Titid a bien pu contribuer à cette campagne de nettoyage privée PHTK-Lavalas ? Qui aurait cru que la collaboration entre ces partis ennemis se solderait autour du ramassage d’ordures et non autour d’ordures massées à la tête de l’État ? Parfois, la politique nous réserve de ces inénarrables surprises…