Le 31 octobre 2000, le Conseil de Sécurité des Nations Unies adopte la résolution 1325 sur la participation des femmes dans les efforts de paix et de sécurité. L’agenda Femme, Paix et Sécurité est enfin reconnu. La femme devient instauratrice de confiance et facilitatrice de paix sur le terrain mais surtout, il semble, une excuse rhétorique pour justifier les conflits du 21ème siècle auxquels l’Occident est impliqué.
Depuis la grande campagne de libération des Afghanes par George W. Bush dans le cadre de sa guerre contre la terreur, nous avons appris à nous méfier des grandes proclamations de libération et de protection des femmes pour justifier des interventions militaires. Après 20 ans de guerre, les Afghans se trouvent dans une situation pire qu’auparavant, surtout si l’on se réfère à la période communiste où des femmes faisaient des études avancées et occupaient des postes de direction, mais qu’il fallait les sacrifier en raison d’une idéologie ennemie.
Naturellement, dans son discours sur l’état de l’Union le 29 janvier 2002, le président américain avait tenu à rassurer : « le drapeau américain flotte de nouveau au-dessus de notre ambassade à Kaboul […] Aujourd’hui, les femmes sont libres ». Hier, lors de son discours sur l’État de l’Union, le président Joseph R. Biden s’est plutôt intéressé aux femmes américaines… pour rappeler que si elles votent comme il faut, c’est-à-dire pour lui et son parti, elles auront peut-être le droit de disposer de leurs corps.
Car les victoires des femmes ne sont jamais qu’éphémères. Nos propres combats sont retournés contre nous. Nos propres concepts. Jusqu’à notre langage et nos voix. Depuis 2000, il est de bon ton de mentionner nos droits avant toute action militaire. En Afghanistan, cela s’est traduit par des milliers de femmes mortes. La guerre Irak de 2003, que la Sous-secrétaire américaine aux affaires mondiales Paula Dobriansky nous assurait être pour la liberté de femmes, s’est également accommodée de la mort de milliers de femmes. Ce sont là des sacrifices que l’on était prêt à accepter pour elles. Et pour que ce soit féministe, des femmes ont été intégrées aux décisions sur les bombes qui pleuvraient sur les Irakiennes.
Il ne faudrait toutefois pas se méprendre à penser le 21e siècle spécial. Dans la guerre d’Algérie déjà il était question de libération des femmes avec au moins 11000 femmes impliquées et 2000 femmes torturées par les forces françaises, alors que les affiches de propagande coloniale invitaient les Algériennes à se dévoiler. « N’êtes-vous donc pas jolie ? » Parce que, évidemment, le comble de l’oppression était de ne pas pouvoir se montrer belle.

En ce 8 mars 2024, où je vois les Palestiniennes être plaintes pour ne pas pouvoir se dévoiler et être jolies, je voudrais rappeler qu’elles sont bombardées, violées, privées de tout et que l’oppression patriarcale du voile pâlit face aux bombardements incessants d’Israël, aux négociations dilettantes de l’Occident et à l’indifférence attendue de la Ligue Arabe.
Ah, et joyeuse fête de la femme ! Je vous vois vous empresser de me dire qu’il s’agit de la journée des droits de la femme. Ce à quoi, je vous réponds que cela importe peu. De toute façon, ils vont nous faire notre fête.





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