Ces Vilains Canadiens !

Reynold Deeb est perplexe. Dans La Presse de ce matin, le malheureux, sous le coup de sanctions canadiennes pour « violation grave de la paix et de la sécurité internationales », se lamente de l’utilisation de son terrain par l’Ambassade du Canada en Haïti pour évacuer ses ressortissants, alors que le gouvernment canadien continue de le maintenir sur une liste de pestiférés. Orgon haïtien, il avait prêté sa terre à un voisin dans le besoin, dans l’espoir, visiblement vain, d’une amélioration de son sort. Le Tartuffe canadien n’aura fait que profiter de sa générosité, ne lui laissant que des problèmes et des ennuis.

Deeb fait partie de 18 misérables sanctionnés pour avoir contribué à plonger Haïti dans son désespoir actuel. L’infortuné partage son sort avec des politiques – tels Lambert ou Latortue – des soutiens de politiques – tels Succar ou Apaid – ou des soutiens de politiques devenus politiques – tels Laurent Lamothe – qui, de demandes de révisions judiciaires en demandes de révisions judiciaires, perdent leur temps devant une justice canadienne qui ne leur réservera jamais que des fins de non-recevoir.

Traiter avec le Blan, Léviathan spontané, n’est jamais simple. Demandez à Ariel Henry à qui le Blan a donné, le Blan a ôté. Un jour, il vous emprunte votre terrain, le lendemain, il confirme que vous êtes un criminel. Que vous êtes définitivement. Si l’on se fie au rapport du groupe d’experts du comité de sanctions de l’ONU sur Haïti selon lequel Deeb aurait « payé un chef de gang pour faciliter ses affaires » en 2017 et « utilisé des membres de gangs pour faire pression sur certains agents des douanes du port afin qu’ils n’inspectent ou n’interceptent pas ses conteneurs ».

Reynold Deeb est le principal acheteur du groupe Deka, premier fournisseur de produits de consommation importés en Haïti – ce qui en fait tout de même des conteneurs. Homme d’affaires (un temps?) influent, il se débat désormais contre des allégations de corruption avec la ferveur et, apparemment le succès, d’un diable dans un bénitier. Allié de longue date de plusieurs sanctionnés – comme Martelly dont il aurait pu devenir le Premier ministre par intérim en 2016 ou Bodeau auquel l’associe directement le rapport de septembre 2023 – il doit désormais naviguer une Haïti inconnue pleine de défis inattendus. À un moment où le sort de ses affaires, ainsi que celui d’Haïti, échappe de plus en plus à son contrôle.

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