Nous sommes à l’aube de la dictature. Par un beau jeudi d’automne, des commerçants haïtiens s’apprêtent à faire grève et manifester contre l’élection de l’ancien ministre François Duvalier à la présidence de la République. Ce sont les partisans de l’ancien sénateur Louis Dejoie qui donnent l’ordre de grève. Le candidat s’était plaint d’un scrutin entaché de fraudes et de violence. Les commerçants s’apprêtaient à faire échec à l’insupportable coup d’Etat électoral. Ils fermeraient boutique et la junte militaire devra bien capituler.
Monsieur Dejoie avait aisément remporté les élections à Port-au-Prince. C’est en Province que le médecin de campagne avait réussi à le vaincre, et de loin. 427 000 voix contre 119 000 alors que la moitié des bulletins – venant surtout de la province- étaient encore à dépouiller. Il fallait faire quelque chose. Une grève de commerçants avait déjà accouché du départ du Président Paul Eugène Magloire, au mois de décembre. Ils recommenceraient.
La junte militaire ne l’entendait pas toutefois de cette oreille. Elle aussi se rappelait du sort du général Magloire et des 4 autres gouvernements lui ayant succédé. Les soldats furent dépêchés à travers toute la ville pour ouvrir de force les magasins dont les rideaux de fer étaient baissés. La grève s’arrêta net.
Le Président François Duvalier en prit de la graine. Président puis Président à vie, à la moindre menace de grève de commerçants, il envoyait les tontons macoutes « vendre » dans les magasins. Il n’y eut plus de grève.
Un rappel historique qui en dit long.
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