Il est un élément dans le rapport du comité d’éthique de la FIFA qui m’avait tout de suite arrêtée: l’existence, au Ranch, d’une femme qui aurait pratiquement servie de rabatteuse pour les abus sexuels reprochés au président de la Fédération haïtienne de football (FHF). Cette dame – dont le nom n’a pas été cité – encourageait les jeunes femmes à se laisser faire pour garantir leur avancement et les invitait même à aller voir Monsieur Jean-Bart par elles-mêmes et se dégoter un accord.
C’était un rappel nécessaire de l’existence de ces oppressoeurs qui s’empressent de faire un suicide de sexe et de genre pour pouvoir bénéficier de l’ombre du pouvoir mâle. Le patriarcat leur doit une fière chandelle à celles-là. Elles lui servent de police et servent à appliquer sa loi, en échange de quelques avantages qu’elles peuvent perdre à la moindre incartade.
Le témoignage des victimes dénonce un système de promotion dépendant non des prouesses techniques des jeunes joueuses mineures mais des faveurs du président de la fédération qui sont souvent liées à des invitations à coucher avec lui. Celles qui refusent de s’y prêter se retrouvent ostracisées, pénalisées et ultimement forcées d’abandonner leurs rêves et rentrer chez leurs parents … dans la plus grande indifférence des responsables du Centre.
Aujourd’hui, la FIFA vient de sanctionner une de ces responsables qui ont choisi de faire silence: Yvette Félix, entraîneure adjointe de l’équipe. Voici ce que dit le communiqué de presse:
La chambre de jugement de la Commission d’Éthique indépendante a jugé Mme Yvette Félix, entraîneure adjointe et responsable de l’équipement de la Fédération Haïtienne de Football (FHF), coupable d’avoir manqué à son devoir de protection de l’intégrité physique et mentale de plusieurs joueuses placées sous sa responsabilité et son autorité au centre technique national de Croix-des-Bouquets (Haïti), en violation du Code d’éthique de la FIFA.
La procédure éthique susmentionnée entre dans le cadre d’une plus vaste enquête concernant M. Jean-Bart et d’autres officiels de la FHF, qui ont été identifiés comme ayant possiblement été impliqués (en tant qu’auteurs principaux, complices ou instigateurs) dans des actes d’abus sexuels systématiques envers des joueuses de football – parfois mineures – entre 2014 et 2020. Les procédures concernant les autres officiels sont encore en cours.
Dans sa décision, la chambre de jugement a établi que Mme Félix avait enfreint l’art. 23 (Protection de l’intégrité physique et morale) du Code d’éthique de la FIFA et a prononcé à son encontre une interdiction de toute activité relative au football (administrative, sportive et autre) aux niveaux national et international pour une durée de cinq ans. Elle devra en outre s’acquitter d’une amende s’élevant à CHF 10 000.
La décision a été notifiée à Mme Félix aujourd’hui, date à laquelle l’interdiction est entrée en vigueur, et a été publiée sur legal.fifa.com.
La chambre de jugement de la Commission d’Éthique indépendante sanctionne Mme Yvette Félix, FIFA, 21 avril 2021
C’est peut-être le début d’une nouvelle ère au Ranch de la Croix de Bouquets où l’on se décidera à ne #PaFèSilans – ne serait-ce que pour éviter les sanctions de la FIFA. ET puisque, selon la note l’enquête continue et d’autres têtes vont tomber, c’est le moment pour celleux qui sont en ranch et savent de faire savoir ce qu’ils savent et vite.
Il est temps de délier les langues.
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